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Union Générale des
Travailleurs de Côte d'Ivoire
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Interview / Adé Mensah à propos de sa grève de 48h :
« Je ne suis pas un rebelle. Ceux qui le sont, sont protégés au Golf Hôtel »

Jeudi 27 Janvier 2011
 

Le Secrétaire de l'Union Générale des Travailleurs de Côte d'Ivoire a appelé le 19 Janvier dernier à une grève de 48 heures les jeudi 20 et vendredi 21 Janvier 2011. Depuis lors, plusieurs associations et certains groupements politiques l'ont traité de tous les noms (vendu, rebelle...). Afin de clarifier le contexte de son appel et donner sa position par rapport cette levée de bouclier, François Ade-Mensah a donné une interview hier à plusieurs journaux de la place dont l'Intelligent d'Abidjan. Au cours de cet entretien, "le Général" dans un langage franc et direct met chacun devant ses responsabilités face aux périls à venir.

Général, vous avez retenu par solidarité avec vos camarades dont les conditions de travail sont des plus aléatoires, un arrêt de travail de 48 heures. Que peut-on en retenir aujourd'hui ?

Sans doute devrions-nous réitérer toute notre gratitude à l'ensemble de nos adhérents et sympathisants et ils sont nombreux pour nous avoir suivis n'en déplaise à certains. La solidarité n'a pas de prix et notre devise à l'UGTCI, justifie notre position, car celle-ci s'entend par: unité, solidarité, progrès. Les messages que j'ai reçus me confortent et me réconfortent en ce que la décision que nous avons prise, l'a été comme nous l'avons souhaité.

Pourtant, on assure que vous n'avez pas été suivi et que les travailleurs étaient à leurs postes ces deux jours. Est-ce donc un échec pour vous ?

Il faut reconnaître que le jeudi 20 janvier, nos adhérents sont effectivement allés au travail. Mais, le jour d'après selon les retours qu'on a, beaucoup sont restés chez eux et ceux qui étaient au travail nous ont appelés pour savoir s'il fallait partir. Nous leur avons dit de travailler car, il ne s'agissait pas d'une grève pour la grève, mais par solidarité avec les nôtres qui, à cause des problèmes liés à la situation politique ont perdu leur boulot ou sont au chômage technique. Nous avons donc été suivis.

Certaines organisations ont reconnu qu'elles avaient l’habitude des grèves mais qu'elles demandent cette fois-ci aux travailleurs d'aller au service et ce, au risque de se faire licencier. Qu'en pensez-vous ?

Je ne ferai aucun commentaire par respect pour l'orthodoxie syndicale qui est, ne jamais prendre le contre-pied d'une organisation qui décide d'une position au regard des intérêts professionnels de ses membres. Cependant, je note néanmoins que l’on reconnait les réalités que nous invoquions.

D'autres disent qu'avec cet appel à la grève vous avez rejoint un camp, celui du RHDP ?

Nous n’avons de cesse de rappeler qu'au sein de l'UGTCI, tous relevons desensibilités politiques diverses et multiples. Le drame, aujourd'hui, est que les positions strictement et exclusivement syndicales sont abusivement interprétées et cela est bien dommage Nous affirmons en tant que Centrale Syndicale, notre indépendance vis-à-vis de tous les partis politiques et entendons le demeurer. Notre idéal reste bien en tendu la défense des intérêts professionnels et moraux de nos affiliés. On m'a traité de rebelle. Je voudrais dire que ceux qui ont ouvertement fait partie de la rébellion sont au Golf Hôtel et d'ailleurs, ils y sont bien protégés alors que vous voyez que je n'ai ici aucune  protection. Je suis un citoyen libre et si quelque chose m'arrivait ce serait mes petits-enfants qui vont me regretter ca tous ne m'auront pas bien connu. Je voudrais donc préciser que je ne suis pour personne sauf pour l'intérêt des travailleurs.

Pourquoi avoir alors lance votre mot d'ordre de grève au même moment que celui du RHDP ? Un décalage aurait surement été mieux compris non ?

Je ne peux pas empêcher les gens de croire en ce qu'ils veulent et d'avoir leur propre opinion et analyse sur la démarche des uns et des autres. Mais, il me semble que le RHDP a appelé à la grève jusqu'au départ du Président Gbagbo. Alors question: quand est-ce que ce sera effectif ? Doit-on attendre aux calendres grecques cet avènement afin d'exercer notre droit à défendre les travailleurs ? II n'y avait pas de bon moment pour l'UGTCI, et notre mouvement n'a rien à avoir avec celui du RHDP.

Avez-vous reçu des menaces après votre mot d'ordre de grève?

Je suis un syndicaliste et je suis habitué aux menaces. Cela m'amuse et je ne les prends pas en compte. Je ne m'en fais pas pour ces coups de fils anonymes ou on m'accuse de m'être déculotté ou d'avoir laissé tomber les masques. Oui, j'ai reçu des menaces et cela est d'autant plus surprenant de personnes qui ont longtemps combattu la pensée unique. Malheureusement, ceux qui profèrent ces menaces restent dans l'anonymat.

Certains syndicats ont demandé votre démission à une réunion récente. Votre commentaire ?

J’ai lu dans la presse et certains d'entre nous ont reçu des sms les invitant à assister à une rencontre au Palais de la Culture. Nous voudrions affirmer avoir beaucoup de respect pour le ministre Eric Kahé qui nous a convoques. il nous est revenu, par ailleurs, que les quelques uns des nôtres qui étaient à cette rencontre veulent lever une fronde. Au nom de la liberté, ils en ont le droit Etait-ce la raison de cette invitation ? Nous nous interrogeons ? Nous rappelons à toutes fins utiles que nos procédures administratives sont connues et sommes prêts à accueillir le ministre Eric Kahé, s'il le désire, comme nous l'avons déjà fait. Notre rôle, n'est pas d'envenimer la situation mais d'interpeller. Certains en effet, ne se rendent pas compte que le pays est au bord de la rupture. II est vrai qu'une minorité prospère dans le chaos, mais les autres souffrent. Nous devons éviter de mettre le feu aux poudres.

II revient que des fonctionnaires n'ont pas reçu encore leur salaire. Le confirmez-vous ?

Je n'en ai pas écho. Mais, le mois n'est pas fini et certains sont dans le parapublic. Cela met en place d'autres systèmes de paiement. Mais ce qu'il faut dire, c'est que les Ivoiriens sont fatigués. Et nous estimons que les deux candidats (Gbagbo et Ouattara) doivent libérer les Ivoiriens. Voici le seul problème. Les fonctionnaires doivent-ils attendre la peur au ventre chaque fin de mois, pour savoir s'ils vont percevoir leur salaire. Comment peuvent-ils faire des prévisions quand les incertitudes les assaillent ? Ils n'en peuvent plus.

Par un heureux hasard, des mesures gouvernementales prises dernièrement en Conseil des ministres sont indirectement une réponse à vos préoccupations. Votre avis ?

Nous avons, en effet, appris que les horaires du couvre-feu ont été aménagés et que plutôt que 19 h, il serait repoussé pour 21 h. ce qui est un début Vous conviendrait qu'avec un couvre-feu à 18 h, les travailleurs concernés qui ne pouvaient joindre Abobo ou Anyama étaient tenus de demeurer ou ils se trouvaient avec tous les risques d'insécurité. Ensuite, avec la perspective du renforcement du parc-auto par des véhicules "gbaka" construits par la Sotra, nous ne pouvons que prendre acte et espérer que cela soit effectif. II faut également relever le renforcement de la sécurité qui était aussi notre préoccupation. II faut simplement espérer que ces mesures entrent en vigueur.




 
 
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